Elle est loin l’époque où il y avait 3 chaînes de TV, pas de Youtube à l’horizon ou de plateforme de streaming et où nous achetions Télé Loisirs pour savoir ce que nous allions regarder à 21h pétante.
Jamais nous n’avions eu autant de contenus à portée de main. Entre les plateformes de streaming aux catalogues à rallonge et aux nouveautés incessantes (Netflix, Prime Vidéo, Disney+, OCS, Apple TV…), les médias télévisuels qui lancent leur propre plateforme de streaming (TF1 +, M6 +, France TV, Arte TV) les radios qui proposent leur contenu différé en podcasts, YouTube aka la TV 2.0 et ses 1 milliard de vidéos disponibles, TikTok et ses vidéos longues, l’explosion des podcasts sur Apple Music et Spotify, le champ culturel semble infini.
En théorie, cette profusion du divertissement devait être une chance et permettre à toutes et tous de trouver son bonheur dans cet océan de contenus. Mais dans la pratique, elle a engendré un effet pervers : une injonction à tout voir, tout lire, tout écouter, sous peine d’être à la ramasse par rapport à ses pairs. On connait tous le “Mais non ! T’as jamais vu le Flambeau ?”. Un récent article du Monde parle de “charge mentale culturelle” et de “content fatigue” : “Prenons l’exemple de Game of Thrones : si l’on n’était pas au rendez- vous du dernier épisode diffusé, participer aux discussions de bureau devenait impossible, au risque d’être « spoilé ». Depuis la machine à café, en passant par les conversations de copains sur WhatsApp et les « feeds » sur les réseaux sociaux, tout le monde ne parlait que de ça.”
Être à la page apparaît désormais nécessaire, on va regarder la saison 2 de Squid Game dont tout le monde parle, écouter le dernier podcast qui a buzzé, lire le dernier livre en top trend sur Booktok #LaFemmedeMénage, aller voir le dernier film hype au cinéma #L’AmourOuf, regarder la dernière saison de LOL : qui rit, sort, écouter le dernier album de Bad Bunny ou de The Weeknd. Finalement, on consomme la culture comme on coche une to-do list, non pas tant par envie que par fomo culturel.
Dans les faits, consommer cette culture de masse c’est aussi participer à une certaine homogénéisation des biens culturels. Mais si on a tous les mêmes réfs, que reste–t-il de nos goûts ? Quelle place accordée à la découverte, à la surprise ?
D’une source d’émancipation à un objet qui nous enferme, la culture a été déviée de sa mission initiale. Il est peut être temps de reprendre le contrôle.
Et si on profitait de cet hyperchoix pour aller à la découverte d’œuvres singulières ? Comme aller au ciné voir le film dont personne ne parle ou regarder la série au fin fond du catalogue de Netflix inconnue au bataillon ? Challenge difficile on te l’accorde ! Finalement, dans un monde où tout est accessible en un clic, la vraie liberté est peut-être celle de choisir ce que l’on ne regardera pas ?
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