Le savais-tu ? Le logiciel de présentation, PowerPoint, n’est plus un outil seulement utilisé dans un contexte professionnel. Depuis quelques années, il s’invite dans nos soirées pyjamas, nos apéros, nos cafés entre potes, bref, dans nos vies perso. C’est en tout cas ce que prouve le #powerpointnights qui a percé y’a quelques années sur TikTok et qui compte plusieurs millions de vidéos.
Le principe ? Traiter une thématique absurde en détournant les codes de l’outil pour se taper des barres entre amis. Sur TikTok, on retrouve ainsi des groupes de potes qui se présentent tour à tour des exposés intitulés : « Ce que je ferais si je me réveillais dans chacun de vos corps », « Mes pires ex, du plus au moins traumatisant », « Comment mes amis mourraient très certainement s’ils étaient dans Hunger Games ».
Comme ça les sujets paraissent légers mais, depuis peu, avec les Zoomers on constate que l’usage du Powerpoint s’étend à des sujets toujours plus intimes et sérieux. Certains l’utilisent, par exemple, dans l’espoir que ça résolve des conflits familiaux – comme si expliquer en trois parties à ta reuss pourquoi elle ruine l’ambiance à la maison allait t’aider à faire vraiment avancer les choses. On a donc essayé de décrypter le phénomène pour comprendre : pourquoi vouloir TOUT mettre en slides ? Qu’est-ce que ça dit de nous ? Et jusqu’où aller ?
On peut comprendre que PowerPoint devienne un nouveau mode d’expression qui s’ajoute aux plus classiques parce que ça permet de dédramatiser certains sujets, de prendre de la distance, de poser ses idées à plat, etc… maaais on trouve quand même qu’appliquer ce format à des problématiques intimes, ça a ses limites. D’abord, parce qu’il y a quelque chose de très descendant dans l’exercice et qu’on n’a jamais réglé des problématiques familiales (ou amicales) en expliquant la vie aux autres. Ensuite, parce que ce n’est pas le bon format pour résoudre des conflits souvent complexes. Déjà, en 2010, les sociologues et chercheurs en marketing dénonçaient la « pensée PowerPoint » qu’ils accusaient d’appauvrir la réflexion dans le sens où, pour être adaptées au format des slides, les idées complexes sont souvent réduites à des formules vagues et superficielles. Or, là encore, on ne peut pas apaiser des tensions qui existent depuis 10 piges dans une famille en balançant deux-trois phrases bien trouvées. Il faudrait surtout chercher à retrouver une culture du débat, de la discussion, qui ne soit pas dictée par les contraintes d’un logiciel.
Et puis, la vie c’est pas un exposé. Lorsqu’on se livre à un proche, choisissons la spontanéité, l’authenticité ! Par pitié, communiquons comme des humains plutôt que comme des collègues.