Le 28 février dernier, l’acteur Karim Leklou recevait le césar du Meilleur Acteur dans le Roman de Jim, une récompense qu’il a dédié “à tous les gentils” une phrase presque candide, mais qui en dit long sur l’époque. Comme si être sympa était devenu un acte peu commun. Parce qu’on le sait, les méchants nous fascinent depuis toujours. On raffole des faits divers bien glauques et des serial killers. Ils dominent, ils impressionnent. On pense à Joe dans la série You, la série Netflix éponyme du tueur en série surnommé “le monstre” : Dahmer le film Joker ou encore le personnage d’Emilia Perez, ancien chef d’un cartel mexicain. À l’évidence, le bad guy fait tourner l’industrie cinématographique quand l’anti-héro gentil ne vend pas. #riplarandomness.
Et pourtant, on avait amorcé un virage. On parle des soft boys et flower boys, cette génération d’hommes post #metoo “gentils” à la Timothée Chalamet et Harry Styles qui s’affranchissent des codes de la virilité rigide. Chemises amples, colliers de perles, vernis sur les ongles. Une masculinité adoucie, plus fluide et qui contourne les normes de genre. Mais ça n’a pas duré.
Assez vite, on a vu revenir cette figure du méchant en politique.. Il n’y a qu’à regarder la photo officielle de super-vilain du président américain Donald Trump. Et cela n’est pas sans rapport avec l’émergence du masculinisme et d’une bro culture quelque peu décomplexée (et oui on ne peut pas parler de méchant sans parler de mascus).
Alors face à cette coolisation des méchants, l’ode à la gentillesse de Karim Leklou ne nous fait pas de mal.
Le philosophe Charles Pépin dans un récent épisode du podcast La question philo lançait un appel : “C’est une habitude que l’on devrait tous prendre : valoriser les gentils, les doux, les généreuses, les délicats, les tendres, sortir enfin de cette vision viriliste débile du méchant efficace et stratège, et pour cela, se souvenir de cette bonne nouvelle : la gentillesse n’interdit pas le talent.” Et on est plutôt d’accord avec lui.
Bref, les mecs toxiques ne devraient pas être cool, et personne ne devrait en vouloir dans sa vie ni aux manettes de son pays. Et à bien y réfléchir, ce n’est pas d’un énième bad guy dont on a besoin, mais d’un sérieux comeback des gentils pour que le monde aille mieux.
#socialmedia #politique #cinema #trends #feminisme