From Fast fashion to Fast regress

PrettyLittleThing, ex-royaume des baddies, prônait une mode sexy, flashy, inclusive. Aujourd’hui ? Place à la sobriété : coupes sages, couleurs ternes, mannequins blanches, maigres (le plus size s’arrête maintenant à la taille 42, lol). La vibe irrévérencieuse des femmes PLT ultraglamours et libres a laissé place à une féminité discrète, effacée, ultra-normée. 

La marque explique vouloir “élever” son vestiaire. Mais on ne va pas se mentir : derrière ce rebranding chic, il y a surtout une exclusion massive. Finies les campagnes avec des femmes racisées, des baddies pulpeuses, des silhouettes assumées. Aujourd’hui, PLT ne veut plus que ses clientes brillent, mais qu’elles rentrent dans les codes que la mode diffuse déjà depuis quelque temps. 

Si la mode est un langage, PrettyLittleThing vient de montrer que l’alphabet va changer. Comme l’expliquait un certain Roland Barthes, le style n’est jamais naturel : il est codé, construit, orienté. On nous vend un soi-disant “chic intemporel”, alors qu’en vrai, c’est juste un retour à une esthétique blanche, élitiste et ultra-sélective.

Ce qui était célébré hier – les formes généreuses, l’exubérance, les références aux cultures noires et latino – est aujourd’hui jugé too much. Trop voyant. Trop vulgaire. Trop… populaire ? Et hop, poubelle. Comme par hasard, au profit d’un quiet luxury qui efface les styles liés aux minorités.

Après l’ère Kardashianesque, on remet au centre la silhouette filiforme. Le tout dans un contexte où l’extrême droite grimpe ? Pure coïncidence ? Là où les robes s’allongent, les droits des femmes raccourcissent. Désormais, dans plusieurs États, les femmes n’ont plus le droit d’interrompre une grossesse, les mots comme “féminisme” sont censurés. En parallèle, des figures ultraconservatrices prônent un retour à une féminité « modeste », où la femme idéale est discrète, maternelle, à sa place. En France, cette obsession du contrôle féminin prend d’autres formes : les discours identitaires et les communautés incel rejettent les femmes trop indépendantes, trop sexualisées, trop affirmées. En Italie, Giorgia Meloni construit sa politique autour d’une vision nationaliste où la maternité est glorifiée et où les familles « traditionnelles » sont mises en avant au détriment des autres modèles.

Alors PLT : Effet de mode ou mutation irréversible ? Ce qui est sûr, c’est que sous prétexte de quiet luxury, PLT et la fast fashion en général, n’impregnent pas nos vestiaires d’émancipation féministe.