En octobre 2022, Laurène Lévy, connue sur TikTok sous le pseudonyme @Laulevy a publié une vidéo parodique relatant son expérience dans un salon Body Minute. Dans cette vidéo, elle imitait les remarques des esthéticiennes concernant ses choix personnels en matière d’épilation, des commentaires qu’elle jugeait intrusifs et déplacés.
Bien que la vidéo ait initialement attiré une faible audience, la direction de Body Minute a réagi en février 2023 en envoyant un courriel à l’ensemble de ses esthéticiennes, les incitant à signaler la vidéo et à commenter qu’il s’agissait de propos « calomnieux ». Parallèlement, l’entreprise a adressé plusieurs courriers à l’employeur de Laurène Lévy, l’accusant de commanditer cette vidéo dans le cadre d’une concurrence déloyale. Des huissiers ont même été mandatés pour se rendre sur son lieu de travail afin de trouver des preuves à l’appui de ces accusations, sans succès.
En décembre 2024, face à l’absence de retrait de la vidéo, Body Minute a assigné Laurène Lévy en justice pour « dénigrement commercial ». L’enseigne a également publié une vidéo sur son compte TikTok le 31 décembre 2024, surnommant l’influenceuse « Laurène la haine » et l’accusant de créer de faux comptes pour nuire à la réputation de l’entreprise.
Pas de bol, pour le PDG de Bodyminute Jean-Christophe David c’est une vague de soutien presque unanime et de sororité pour la Tiktokeuse de la part des internautes.
Il est intéressant de voir que la marque est à l’initiative de son propre bad buzz et cela a un nom, c’est l’effet Streisand. Selon le blogueur Masnick à l’initiative de ce terme, cet effet « se concrétise par une sur-diffusion d’une information qui était, à l’origine, sujet à censure ou retrait. La victime de ce phénomène (une marque ou un individu) obtiendra l’effet inverse de ce qu’elle désirait, l’information qu’elle voulait cacher sera propagée en masse. »
Dans le mille pour Body Minute !
En voulant obliger la créatrice de contenus a supprimé cette vidéo de 2022, la marque a obtenu tout l’inverse. Petit reminder : le public va toujours chercher à savoir ce qu’on veut lui cacher #pasdupelaGenZ.
Soulignons que Bodyminute n’est certainement pas un exemple à suivre en termes de gestion de communication de crise notamment en incitant au cyberharcèlement et ce de façon décomplexée en attribuant le surnom « Laurène la haine » à la jeune femme. En plus d’être véritablement problématique, cela interroge l’incapacité des marques à accepter de perdre le contrôle sur leur image (et bonus de comprendre leur époque).
Aujourd’hui, il y a une évidence inconfortable : les marques ne sont plus les seules à pouvoir raconter leur histoire, nous sommes devenus des émetteurs, producteurs, diffuseurs, commentateurs de contenus. Désormais, chacun d’entre nous est un média. Les marques doivent accepter de perdre le contrôle que ça leur plaise ou non, elles doivent faire avec #sorrynotsorry ! Plutôt que le choix de l’offensive, la marque aurait pu réagir avec autodérision en réaction à cette parodie et au contraire en profiter pour en ressortir plus moderne. C’est un peu raté…
Compte tenu du délai de péremption de l’information sur Internet, il sera intéressant d’observer dans les mois à venir, le véritable impact de ce bad buzz sur la marque Body Minute.
#Pub #Marketing #Féminisme #Socialmedia #Travail