POV : ma mère est une mean girl

La Gen Z a grandi en mettant des mots sur ses blessures d’enfance. Elle a appris à identifier les traumatismes, la charge mentale, l’anxiété, avec une conviction forte : ne pas reproduire les schémas toxiques de ses parents. Mais maintenant qu’elle devient parent la question de comment veiller à la santé mentale de son enfant sans s’oublier soi-même se pose. 

Élever un enfant aujourd’hui, c’est naviguer entre des injonctions contradictoires. Entre parentalité positive, stimulation cognitive, gestion des émotions et charge mentale quotidienne, la pression est immense – surtout pour les mères. Face à cet épuisement, certaines trouvent refuge dans une nouvelle tendance : le « Ghettossori ».

Le concept ? L’extrême inverse de l’éducation Montessori, en voici quelques commandements non exhaustifs : « Je traite mon enfant comme un adulte », « S’il me tape, je tape plus fort », « S’il pleure, je lui donne un bol pour récupérer ses larmes »… Ouch. C’est brutal, dérangeant, et pourtant, cela résonne chez de nombreux parents à bout. Parce que derrière l’humour noir et la provocation, il y a un vrai besoin de relâcher la pression. Ghettossori, c’est une soupape, un espace où l’on peut dire : « Je suis un peu un mauvais parent parfois et c’est ok » sans craindre d’être jugé.

Mais pourquoi tant de haine envers le modèle Montessori ? Sûrement à cause d’une perception biaisée de cette pédagogie sur les réseaux. Pour beaucoup, Montessori = enfant roi, parent soumis et éducation ultra permissive. Alors qu’en réalité, la méthode vise à rendre l’enfant autonome et à l’aider à gérer ses émotions, ce qui peut justement éviter les crises au supermarché. Ironique, quand on voit que les adeptes de Ghettossori se plaignent souvent de ces tantrums infernaux.

Mais là où Ghettossori pose question, c’est dans sa manière de détourner la frustration parentale. Jusqu’où peut aller l’autodérision ? Se moquer ouvertement de son enfant sur les réseaux, est-ce vraiment libérateur, ou est-ce une normalisation de comportements fortement discutables ? Et si, au final, on n’était pas si différents des générations précédentes ? Peut-être que nos enfants raconteront à leur psy nos « Ghettossori fails », comme on le fait aujourd’hui avec nos propres parents. La boucle est bouclée, I guess.