Aussitôt noté, aussitôt zappé !

Dis-moi ce que tu notes dans ton téléphone, je te dirai qui tu es !

689. C’est le nombre moyen de notes qu’on a sur nos téléphones. Cette stat’ est complètement inventée (oups) mais pour certains Zoomers ce n’est même pas la moitié ! Aujourd’hui, les notes en disent beaucoup sur nous et sont devenues un réflexe quasi-automatique pour bon nombre d’entre nous. Mais pourquoi est-on autant accroc à nos notes et qu’est-ce que ça montre de notre génération au final ?

Nos notes de téléphones sont un véritable fourre-tout mental IN-DIS-PEN-SABLE. On y a recours pour à peu près tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi). Entre la fameuse liste de films à voir, le pense-bête, l’idée du siècle, le détail de ta séance muscu, le side hustle n°2 de l’année, la liste de courses, les idées cadeaux, le long pavé destiné à ton ex… jusqu’au graal de la note de téléphone, la grande, la belle, la seule, l’unique : la TO DO LIST. Bref, tout y passe ! Mais que fait-on de tout ça en fin de compte sachant que leur durée de vie ne dépasse généralement pas celle d’un Vine ? Alors, repensons à toutes ces idées géniales et ce projet de papier toilette connecté qui n’ira pas plus loin que son épingle dans ton appli Notes… On demande 1 min de silence pour ce cimetière d’idées et de notes en tout genre. Et si à force de noter tout et n’importe quoi, on finirait par ne rien en faire ou en retenir ? Telle est la question !

On peut quand même affirmer que tout ça est assez symptomatique de notre génération. Dans un contexte d’infobésité où on capte des milliers de micro-news par jour et que tout nous parait important ; on note. On note tout. Dans cette ère de l’ultra-attention en permanence, on ne veut pas rater la moindre chose par peur de l’oublier. Le fait de noter nous aide à diminuer notre anxiété et notre stress. Exit la skincare, welcome la braincare ? La surcharge mentale est la raison n°1 de la place qu’occupe nos notes dans notre smartphone.

Pourtant, cette peur de l’oubli est devenue une justification de notre paresse intellectuelle. À l’heure où notre esprit critique est mis en vacances forcées par ChatGPT, nous prenons de moins en moins de temps pour réfléchir et stimuler notre tour de contrôle. On en est aujourd’hui remis à externaliser notre mémoire : notre portable devient un disque dur et laisse un peu plus de place pour notre cerveau. C’est justement ça qui contribue à notre perte de mémoire et de concentration *TikTok is laughing*.  Et sans effort, il n’y a pas de réconfort. Pourtant, tout n’est pas perdu : si notre mémoire fuit, nos pensées, elles, trouvent un refuge inattendu…

Au fond, est-ce que nos notes de téléphone ne seraient pas un peu le petit coin 2.0 ? (Le projet de PQ connecté n’est peut-être pas mort). Un repère intime où on se retrouve juste avec soi-même. Un vent frais de liberté souffle dans ce no man’s land numérique. Enfin un endroit sans like, sans validation extérieure où personne ne peut te juger, sauf toi dans 2 ans. Le jardin secret où nos pensées les plus brutes (et parfois les plus cringes) se confondent. Alors, octroyons-nous un peu de répit et continuons de remplir notre bucket list !

 Écrire un article autour des notes de téléphone, à partir d’une note de téléphone