Que reste-t-il de notre humanité ?

Que reste-t-il de notre humanité ?
Parfois, pas grand-chose.

Depuis que l’intelligence artificielle menace de nous remplacer, chacun y va de son petit pronostic apocalyptique. Les mannequins ? Terminés. Les avocats ? Out. Les profs, banquiers, publicitaires ? Merci pour votre service, vous pouvez éteindre la lumière en partant. Tout semble menacé, tout semble automatisable.

Pourtant, chaque matin, on se lève. On prend le métro. On fait des to-do lists qui n’aboutiront jamais. On s’accroche à nos routines comme à des bouées dans un océan algorithmique. Et parfois, dans un moment de lucidité, on se demande :
Est-ce que ce que je fais sert vraiment à quelque chose ?
Est-ce que ChatGPT ne pourrait pas mieux faire ?

Et puis, dans ce monde un peu flippant, TikTok, comme souvent, a trouvé une réponse à sa manière. Une  tendance  a émergé : face à l’idée que l’IA pourrait nous remplacer, les internautes listent toutes ces petites absurdités qui n’arriveraient jamais à l’IA. Rater cinq fois son permis, retourner voir son ex en sachant que c’est une très mauvaise idée, manger un McDo en jurant que c’est « la dernière fois », se réveiller en retard un jour sur deux. Autant d’actes irrationnels, bancals, souvent drôles, mais profondément humains.
Cette tendance renverse le prisme : elle célèbre non pas nos performances, mais nos failles. Elle affirme que ce qui nous rend irremplaçables, c’est justement ce qu’on ne contrôle pas, ce qui nous dépasse un peu. 

Et là, on se dit : ah oui, c’est vrai. L’erreur, elle, est humaine. Et aujourd’hui, c’est peut-être la seule chose qui nous sauve.
Ce bazar magnifique qu’est notre existence. Ces décisions prises avec le cœur quand il aurait fallu utiliser la raison. Ces ratés qui nous apprennent à aimer, à grandir, à recommencer. L’IA ne se trompe pas mais elle ne ressent rien non plus.

Alors ce qui nous reste, ce sont nos contradictions, nos élans absurdes, nos émotions qui débordent. C’est tout ce qui fait que nous ne sommes pas des machines.