Censure en sueur

La censure précède toujours la chute. Le peuple n’aime pas qu’on lui cache des choses ! Donc quand ça arrive ça ne fait qu’attiser la révolte…

C’est l’effet Streisand : vouloir dissimuler une information et, ce faisant, attirer l’attention la propulsant en pleine lumière, plus que si vous vous étiez simplement abstenu.

C’est à peu près ce qui vient d’arriver à Délichoc.Il y a quelques semaines, la marque de biscuits chocolatés, surprend tout le monde avec sa première sponso YouTube avec une vidéo du créateur Nicolà. Sauf que voilà : Anyme, présent dans la vidéo et nouveau phénomène d’internet, semble étrangement relégué au second plan. Un passage express, sans relief. Le public s’interroge et Anyme, fidèle à lui-même, ne tarde pas à clarifier les choses : certaines de ses interventions ont été tout bonnement… censurées. Il avait osé dire avec second degré préférer les Oreo dans la vidéo. Résultat ? Il finit par sortir un son moqueur ciblant Délichoc et invitant Oréo à collaborer. La toile s’enflamme, le badbuzz apparait. 

Mais alors, la censure protège-t-elle la réputation ou fragilise-t-elle la confiance ?

Délichoc a voulu couper une blague. Résultat : elle s’est coupée de sa cible : la gen Z. Ce genre de geste minuscule en apparence dit tout d’une vision dépassée de la communication. Une vision où l’on croit encore qu’on peut tout contrôler. Où l’on pense que gommer un détail, c’est sécuriser sa réputation. Spoiler : non. En 2025, censurer, c’est provoquer. Effacer, c’est amplifier. Tenter d’étouffer une vanne, c’est offrir un micro à la punchline.

On le voit tous les jours, dernier exemple en date : le patron d’Astronomer et sa RH, projetés sur un écran géant en plein concert de Coldplay, en flagrant adultère. Leur premier réflexe ? Se cacher. Internet s’est emparé de l’affaire, a mené l’enquête, et a tout mis en lumière. Parce que le public ne supporte plus qu’on lui dissimule quoi que ce soit. La dissimulation crée l’événement. 

Dans le cas Délichoc, c’est pareil. Anyme balance une blague pas un dérapage, pas un propos condamnable, juste une vanne. La marque coupe. Résultat une crédibilité qui s’effrite. Chez Marcel, on pense que le bon move, ce n’est pas d’avoir laissé passer une blague, c’est de la laisser vivre. 

Parce qu’en vrai, qu’est-ce qu’une marque attend d’une collab avec un créateur comme Anyme ? Du contrôle ? Du scripté ? Ce n’est pas une pub télé, c’est YouTube. Et YouTube, c’est l’authenticité, le grain, le vrai. On ne s’associe pas à un créateur pour le faire taire. On s’associe pour exister dans son monde. En censurant, Délichoc ne protège pas son image : elle explose le contrat implicite avec sa cible. Et ce contrat-là, quand il est rompu, les excuses n’y changent rien.

Alors oui, aujourd’hui, le patron parle de « stratégie ». Nous on pense que c’est un bel exercice de rétropédalage. Un moyen de rattraper un faux pas en le déguisant en masterclass. Et peut-être qu’au fond, ça marche : on parle (enfin) de Délichoc sur Internet. 

Chez les zoomers, on pense que dans le doute, il vaut toujours mieux assumer. Mieux vaut une vanne qui gratte qu’un silence qui pue !