Chez les zoomers, on est plusieurs à avoir passé notre adolescence sur Tumblr, alors des images de gens tristes on en a vu pleins. On s’est fait biberonner aux paroles de Lana Del Rey déprimantes au possible et aux images de mascara qui coulent filtrées par un noir et blanc du meilleur goût. Et puis la mode en est venue à la positivité. Internet célébrait de nouveau le bonheur, l’acceptation de soi et les modes de vie sains. Il fallait sourire et ranger ses citations nihilistes et ses anxios au placard. 🤷🏼♀️
Et là, bam, TikTok (jamais le dernier sur les trends bonne ambiance) fait popper dans nos “pour toi” le #cryingmakeup… Le concept : se maquiller pour donner l’impression qu’on vient de pleurer. Le nez rouge, les yeux brillants, tout ça. 6 millions de vues sur le # : la sad girl est de nouveau sexy.
En vrai, des raisons d’être tristes, en ce moment on en a plein, et chez les zoomers, on écrit dessus dans toutes les NL. Mais jusqu’à rendre attrayante cette tristesse et la célébrer ? En fait, esthétiser/créer une trend sur Internet, c’est donner des codants, lisser un sentiment ou une idée. C’est la ranger dans une boîte reproductible et partageable à l’infini. Dans ce cas précis, c’est donner un sens contenu à une émotion qui a souvent des difficultés à l’être. Bref, c’est sûrement thérapeutique. ❤️🩹
Mais on peut aussi avoir un vrai regard critique sur cette tristesse esthétisée. Déjà parce qu’on n’aura jamais fini de répéter que la vraie dépression, c’est pas cool du tout. Et aussi parce que la tristesse reste finalement un état passif, individuel, souvent cynique. Et c’est pas comme ça qu’on va sauver changer le monde.