En tant que communicant.es, on adore voir les langues s’enrichir, et se façonner au gré des nouvelles tendances et évolutions de la société. Mais un saboteur est de la partie 😈 : Google.
Le succès du géant repose essentiellement sur deux algorithmes : l’un, qui permet de trouver des pages répondant à certains mots 🔎; l’autre, qui affecte à ces mots une valeur marchande 📈🤑. Si le premier l’a rendu populaire, c’est le second qui l’a rendu multi-milliardaire, en s’appuyant notamment sur son fameux système d’enchères et de spéculation lexicale.
Par conséquent, Google à tout intérêt à ce qu’il y ait le moins de richesse linguistique possible. Tu nous suis ? En gros, moins il y a de synonymes d’un mot, moins sa valeur est diluée, et plus les gens vont être prêts à payer cher pour l’avoir. Google s’inscrit donc dans une logique d’appauvrissement du langage pour le rendre plus rentable et exploitable économiquement. C’est ce que le chercheur Frédéric Kaplan appelle le capitalisme linguistique.
Quand Google corrige automatiquement une faute de frappe ou d’orthographe, ce n’est pas juste pour être gentil avec toi 🥴, c’est avant tout pour restituer celle-ci à sa juste place dans le marché lexical. Et c’est la même logique pour l’autocomplétion. Cette régularisation du texte apparaît aussi dans la rédaction SEO, où les mots-clés qui permettent d’être bien référencé vont être largement privilégiés, parfois en dépit du sens.
En nous poussant à prendre un chemin linguistique et statistique bien spécifique, il s’impose comme une médiation entre notre intention d’expression et son actualisation virtuelle. Google est devenu une sorte de prothèse linguistique qui participe à l’uniformisation de notre langage.
Dans un monde ou même notre langage n’échappe pas à cette logique impitoyable qu’est la rentabilité, est-ce qu’on peut dire que faire une faute d’orthographe est devenu un acte anti-capitaliste ? Nous ont croit que oui.