L’abrégeur abrégé

Tu n’es sûrement pas passé à côté de la polémique autour du TikTokeur « Abrège Frère » dont le contenu consiste à « abréger en quelques mots des vidéos jugées trop longues, en affichant le temps gagné avant de s’enfiler une (bruyante) gorgée de café.

Si jamais t’as vraiment rien suivi (bien ta grotte ?), on te résume ça. Au départ c’est un mec avec un concept simple (mais à l’utilité relative) : commenter des vidéos pour nous éviter d’avoir à mater des storytimes en 10 parties pour en connaître la fin. Jusque là aucun reproche, à part le fait que les vidéos abrégées sont majoritairement celles de femmes. 

Malheureusement, à cause DES HOMMES (oui, encore eux ! 🫵) le concept a dérivé en raids de commentaires misogynes menés par les abonnés de l’abrégeur.

Après avoir laissé le monde s’enflammer pendant des jours (toujours plus dramatique), Abrège Frère a enfin répondu aux critiques dans une vidéo pour Le Parisien. Sa réponse nous amène à nous demander quelle aurait été une réaction appropriée pour un.e créateur.trice de contenu dont l’influence et les discours entraînent du harcèlement et/ou de la misogynie ? (ça semble niche, mais en vrai ça ne l’est pas)

D’abord, on va abréger sa réponse (tel est pris qui croyait prendre) :

  • Sa défense : Misogyne moi ? sérieusement ^^ haha on me l’avait pas sortie celle-là depuis loooongtemps 🙂
  • Son message aux harceleurs : Tu cyber-harcèles ? Arrête et unfollow-moi stp 🥺
  • Bonus : Je suis féministe, mais surtout humaniste !! 🤡

Temps gagné : 2 minutes et 32 secondes. 🤭

Plusieurs éléments dérangent dans sa réponse comme la posture défensive adoptée ; l’absence d’introspection face à la dénonciation des biais de genre dans son contenu ; le manque de reconnaissance du caractère sexiste du cyber-harcèlement mené par ses abonnés qui n’est jamais ouvertement nommé. En big 2024, ce n’est plus possible de faire l’aveugle sur la dimension intrinsèquement sexiste des réseaux sociaux, alors quand on a une influence et une audience comme celle d’Abrège, la meilleure façon d’adresser le problème ne serait-elle pas de porter un discours ferme face au sexisme et au harcèlement ?

On peut comprendre qu’un random ayant rapidement gagné en notoriété puisse être dépassé par les évènements, mais vu l’ampleur du traitement médiatique de l’affaire, le minimum aurait été de s’informer et d’écouter le discours des concernées (cc Chloé Gervais), mais surtout de présenter ses excuses, même pour un tort indirect.