La (dé)fête du slip

Mon premier est l’impératif du verbe aller. 

Mon second est le contraire de mouillé.

Mon troisième est l’inverse de tard.

Mon quatrième est l’intérieur du pain.

Mon tout est une opération qui « consiste à couper les canaux déférents des testicules (pour entraîner la stérilité chez l’homme). »

Bravo tu as passé ce test avec brio, et tu as bien compris qu’aujourd’hui on allait parler vasectomie

Il y a quelques semaines de ça est sortie une étude réalisée par EPI-PHARE (un groupement de scientifiques) sur l’évolution de la vasectomie entre 2010 et 2022. Et avec elle, un chiffre marquant : le nombre de vasectomies a été multiplié par 15, et depuis 2021 il dépasse le nombre de stérilisations féminines. Quelques infos supplémentaires : les mecs concernés sont de plus en plus jeunes (en moyenne de 44 à 41 ans), et ils sont plutôt de niveaux socioéconomiques favorisés.

Alors déjà, c’est cool de voir grandir une pratique qui permet à la charge mentale de la contraception d’être partagée, de ne plus reposer uniquement sur la femme. Mais c’est étonnant ! On n’est pas scientifiques, mais on a tenté de comprendre ces chiffres de manière socio. 

Déjà, les progrès de la science font que cette procédure est plus maîtrisée et répandue, et donc que les chiffres explosent.

Aussi, il ne faut pas oublier que cette opération peut être réversible (même si dans les faits peu changent d’avis), et donc que l’image que les hommes s’en font doit être moins définitive, absolue et totale. (Faut pas trop les bousculer les bichons ❤️). 

Surtout, on peut voir dans cette tendance la fin d’un tabou, et peut-être la naissance d’un nouveau paradigme : celui de ne pas ou plus vouloir d’enfant. Aujourd’hui, c’est le cas seulement de 15% des Français (Ipsos), mais quand même. Vous nous direz, dans le même temps on observe une vague de mentalités masculinistes qui, au contraire, prônent un modèle traditionnel d’accomplissement via une famille et des enfants. Mais nous, nous faisons l’hypothèse qu’un nouveau modèle émerge, dans lequel la masculinité ne prend plus tout à fait le même sens, et ne passe pas forcément par un statut social de père. Dans lequel aussi le symbole de la famille nucléaire n’est plus ce qu’il était. Dans lequel, enfin, faire société ne rime peut-être pas avec la présence systématique des enfants. Il n’y a qu’à voir la multiplication des espaces no kids pour comprendre que certains en ont leur claque. 

Alors est-ce qu’il s’agit là d’une revendication politique ? D’un impératif économique (les gosses ça coûte cher) ? D’une considération environnementale (= dans quel monde les futures générations vont vivre) ? Ou d’une vraie évolution sociétale ?

Ce qui est sûr c’est que face à ça, le discours du gouvernement autour d’un « réarmement démographique » industriel, qui traduit une angoisse face à la baisse de natalité en France (-7% en 2023), dénote complètement. Genre d’où l’État s’insinue dans l’intimité des gens ?

A méditer donc dans les projections que nous avons des modèles sociaux traditionnels, ou comment se défaire des images traditionnelles autour de la famille ?