72 millions d’euros par an. 6 millions d’euros par mois. 200 000 euros par jour. 8 300 euros par heure. 138 euros par seconde. Voici ce que gagne Kylian MBappé à seulement 25 ans. Et tout ça, juste avec son salaire au PSG, sans les primes et sans l’argent des marques sponsors. Des montants qui ont de quoi donner le vertige.
D’ailleurs, l’expression “Projet Mbappé”, qui désigne le projet d’un parent qui compte bien tout faire pour que son enfant devienne la future star du foot, circule depuis quelques années sur les réseaux sociaux. Mais ce qui apparaît comme une blague en ligne, revêt en fait une bien triste réalité.
Sur les bords des terrains de football amateurs, certains parents n’hésitent plus à mettre la pression à leurs enfants en plus de se montrer particulièrement virulents vis-à-vis du staff des clubs et très (trop ?) insistants auprès des recruteurs professionnels.
Pour un parent, il n’y a rien de mal à vouloir donner les meilleures chances à son enfant pour qu’il puisse devenir ce que lui n’a pas pu être. Certes. Sauf que là, c’est pas vraiment ça. “Le projet Mbappé” est un projet qui semble davantage servir les intérêts financiers du parent avant le plaisir de l’enfant. Et ça c’est plutôt nouveau, surtout pour une discipline comme le football qu’on a longtemps associé à un loisir. Alors c’est quoi le bin’s ?
Déjà, le traitement médiatique des athlètes dans le sport n’y est pas pour rien. On voit de plus en plus d’athlètes, de plus en plus jeunes, devenir littéralement millionnaires avant 25 ans : Kylian MBappé au football, Victor Wembanyama au basket, Coco Gauff au tennis… Des jeunes qui viennent souvent de milieux populaires, ce qui rend l’exploit d’autant plus probable.
Parce que oui : il important de rappeler que les dérives du “Projet Mbappé” touchent justement des familles issues de ces mêmes milieux populaires voire défavorisés qui se projettent plus facilement dans ces success stories. Forcément, ça nous oblige à réfléchir à la situation sous un prisme plus sociologique. Une famille pauvre ne partage probablement pas le même idéal de la réussite qu’une famille riche parce qu’elle n’a pas le même patrimoine (les biens physiques), le même capital culturel (la connaissance) ou financier (la thune).
En d’autres termes, il semble plus envisageable, pour la première famille, que leur enfant puisse devenir footballeur professionnel que trader à Wall Street après avoir fait Harvard même si les chances sont probablement plus minces sur le papier : “En 2021, seulement 1361 joueurs étaient recensés comme footballeurs professionnels en France. Si on pousse les calculs, chaque enfant a 0,055% de chance de signer pro. Et même la signature d’un contrat ne garantit pas la réussite, cinq joueurs signés sur six étant libérés avant l’âge de 21 ans” selon Nicolas Paolorsi, journaliste RMC Sport.
Plot twist : alors que tu pensais que les parents étaient les seuls fautifs, tu te rends compte que c’est, à nouveau, le système qui participe à justifier les moyens. Et en même temps vous avez déjà vu un fils d’héritier devenir star du foot vous ?