On a beau être habitués à ses nombreux records, on ne se lasse jamais des nouvelles idées de notre Queen B. La dernière en date est bien sûr le lancement de ses 2 nouveaux sons en pleine publicité pour le SuperBowl 2024. Mis à part ce coup de com de génie, c’est la proposition musicale de la chanteuse que l’on retient puisque Beyoncé revient avec deux morceaux aux sonorités country. Et c’est là que ça devient intéressant : pour la première fois dans l’histoire de la musique des Etats-Unis, une femme noire est à la tête du classement country. (Billboard)
Ça peut paraître trivial, mais vu que jusqu’ici la musique country était un genre associé à l’Amérique blanche et conservatrice, ça vient révéler le racisme qui sous-tend cette industrie musicale. Comment l’expliquer ? Pour faire simple, les labels de musique de l’époque ont fait le choix de construire ce genre musical sur un modèle de ségrégation raciale (les coquins) pour mieux vendre. De fait, une séparation s’est opérée entre le blues (par et pour les afro-américains), et la country pour les blancs, incarnée par les blancs. Ce processus implique forcément l’invisibilisation des musiciens afro-américains, voire carrément le vol de certains morceaux (aka Elvis on se sait👀).
Bon on vous rassure quand même, tout n’est pas à jeter dans la musique country, mais il fallait passer par ce petit récap pour mieux capter pourquoi Beyonce s’attaque à ce genre musical. Ce n’est clairement pas un hasard, et on se demande même si ce n’est pas un vrai projet de revendication par la réappropriation d’un héritage musical. Si Lil Nas X avait déjà mis les pieds dans le plat de cette problématique avec Old town road, Beyoncé a carrément pété le plafond de verre pour les femmes noires dans la country. On s’explique : le fait que la chanteuse soit désormais dans les classements country sur les plateformes de streaming permet d’orienter les auditeurs vers des morceaux similaires et donc de révéler de nouvelles artistes.
Mais l’arrivée de Beyonce dans la country, ça veut aussi dire une potentielle mainstreamisation des codants de cette musique 🤠👢🌾 associés à des personnalités féminines noires, apportant de la diversité culturelle dans les stéréotypes de l’Amérique profonde. Quand on sait que cette année se tiennent les élections présidentielles, avec un très grand risque d’un second mandat pour Trump, on se demande si Beyoncé ne participe pas implicitement à écrire la version plus inclusive (moins raciste) du roman national des Etats-Unis.