Si les élections présidentielle de 2017 ont définitivement instauré les réseaux sociaux comme l’arène du discours politique, celles de 2022 ont prouvé que désormais tous les coups sont permis : entre fake news et faux comptes, tout contenu mensonger susceptible de déstabiliser le parti adverse et renforcer son propre parti est exploité. Et maintenant avec l’IA, les prochaines élections de 2027 promettent d’être un véritable carnage. Les partisans de l’extrême droite l’ont bien compris, et ont d’ores et déjà commencé à l’exploiter en créant des comptes TikTok pour les nièces de Marion Maréchal et Marine Le Pen. Spoiler : elles n’existent pas. Les comptes utilisent des deepfakes en utilisant les visages des supposées tatas pour créer de toute pièce Amandine, Chloé et Léna Le Pen.
Mis à part le flou juridique sur l’usurpation d’identité, ce qui trouble c’est la réutilisation des codes de la plateforme et des influenceuses lifestyle pour introduire un discours politique d’extrême droite : elles parlent de leur outfit pour la victoire de Jordan Bardella, dansent habillées en Lara Croft, se disant « prêtes à défendre la France », ou bien s’en prennent au voile entre deux tiktoks cheveux. Même si ces deepfakes n’ont pas été produits par le RN (askip), les élections européennes du 9 juin sont souvent citées, si bien qu’il paraît évident que ces comptes mènent campagne pour eux, et on note qu’ils n’ont formulé aucune poursuite en justice 🤫 preuve que ça les met bien.
Si le stratagème paraît grossier, et que la supercherie a été révélée dans les médias, les trois fausses nièces étaient quand même suivies par plus 30 000 personnes chacune. Et c’est la que ça devient carrément inquiétant : il suffirait de glamouriser l’image de l’extrême droite pour séduire des partisans ? Il faut avouer que ça permet de casser l’imaginaire du vieux con raciste (coucou Jean Marie), tout en attirant de jeunes hommes, mais bonjour le niveau non ? Bon en vrai ça va un peu plus loin que l’utilisation du corps de la femme en tant qu’appât : en mêlant influence lifestyle à influence politique, l’extrême droite joue la carte du « cool » pour que les internautes soient exposés à leurs discours (puants) au détour d’un scroll. Et si ça marche, c’est par effet de répétition, puisque l’algorithme te propose des contenus similaires en fonction de ton activité. Donc si tu consommes du contenu pour la pousse capillaire après que le coiffeur ait raté ta coupe, ça peut désormais t’amener vers une vidéo d’Amandine Le Pen et sa chevelure héritée de sa tante. Elle sert alors de porte d’entrée vers un écosystème algorithmique qui va progressivement t’exposer à des idées d’extrême droite. Mais la responsabilité te revient tout de même aussi un peu à toi, internaute, de ne pas consommer tous ces contenus de manière passive. On a dégagé 3 questions essentielles à se poser : pourquoi on me parle ? Dans quelle intention ? Pourquoi à ce moment là ?
En attendant, on ne peut s’empêcher de se demander comment devraient réagir les autres partis politiques, parce que s’il est clair que l’extrême droite n’arbore aucun scrupule à user de ce genre de tactiques anti-démocratiques, le fait est que ça marche. Comment riposter sans s’abaisser à ce niveau lorsqu’on est un parti qui se revendique progressiste ?