crocs privilege

La coupe mulet, les sabots en plastique, le jean taille basse des années 2000…Considérés comme moches, ringards, vulgaires ou ridicules il y a quelques années, ces ex fashion faux pas se retrouvent sur tous les podiums.

Cette tendance s’est intensifiée avec les confinements, où, lorsqu’on était tous enfermés et mal sapés, on à repris goût à l’exploration stylistique et au chaos vestimentaire.💥 La faute de goût d’hier est donc devenu le summum du style aujourd’hui.

 

Les marques l’ont bien compris : Crocs multiplie ses collaborations avec Balenciaga ou Post Malone, Scholl dévoile sa nouvelle collection iconic dont la pièce maîtresse est un sabot au motif vache à 189€.🐄🤑

Même si chacun des zoomers.euses a son avis bien tranché, on ne va pas débattre pour savoir si cette paire de chaussures est jolie ou moche. En réalité, le moche n’est pas une catégorie objective, c’est d’abord, et surtout, une question de regard lié à une classe sociale, à une communauté, à une époque.

 

C’est ce que nous explique la journaliste de mode et autrice Alice Pfeiffer, dans son livre Le goût du moche, où elle se questionne sur la dimension politique et sociale de cette pratique : est-ce un geste punk où une énième pratique de distinction sociale ?

 

La mode est cyclique 🔄, ce n’est pas un scoop. Ici, c’est le même schéma mais dans un sens de classe : ce qui est dénigré pour un groupe social, sera considéré comme audacieux, chic ou tendance dès lors qu’il est réaccaparé par la classe dominante.
Quand Zendaya arbore fièrement sa nouvelle coupe mulet ou que Justin Bieber défile avec des crocs sur le tapis rouge des Grammy Awards, aucun d’eux n’a peur d’être traité de beauf ou de redneck, et d’être victime des stéréotypes qui y sont liés. Ici, la revendication du goût pour le moche est un reflet des privilèges, il démontre une aisance sociale assez grande pour s’affranchir de la validation d’autrui.

Si le goût du moche n’est qu’une mise en abyme réservée à une toute petite élite, alors il n’est pas un outil émancipateur des diktats de la mode… et c’est beaucoup moins subversif que ce qu’on aimerait. 😪

 

Mais tu peux aussi voir cette tendance comme un moyen de ressortir des tréfonds de ta penderie le pull cheum qu’on t’a offert et dont tu n’as jamais osé te débarrasser, ou d’aller piquer les sandales de randonnée de ton daron. C’est plus écolo, c’est plus économique et c’est surtout plus amusant !

Finalement, le moche, qu’on l’adopte ou qu’on le rejette, la clé c’est de toujours se demander “POURQUOI ?”.🤔